La rivière Saint-Jean scrutée à la loupe par des géomorphologues
Il y a près de vingt-cinq ans, le déluge du Saguenay apportait d'importantes modifications à plusieurs cours d'eau de la région.
Par Denis Villeneuve, Initiative de journalisme local- LE QUOTIDIEN
Une équipe de chercheurs spécialisée en géomorphologie à l'UQAC et dirigée par le professeur Maxime Boivin (Ph.D) s'intéresse scrupuleusement, depuis l'automne dernier, au comportement de la rivière Saint-Jean, à L'Anse-Saint-Jean.
L'étude menée par le Laboratoire d'expertise et de recherche en géographie appliquée (LERGA), en collaboration avec la municipalité et la ZEC Saumon, est financée par un programme du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation découlant du Plan d'adaptation aux changements climatiques.
Depuis 2009, M. Boivin a développé des projets de recherche reconnus au niveau national et international, notamment sur la dynamique du bois en rivière et sur les interactions entre les bandes riveraines et la dynamique fluviale.
En entrevue, le géographe explique que l'objectif de cette étude est notamment de développer des mesures de sensibilité des infrastructures municipales aux divers comportements de la rivière. " On travaille sur l'observation de la trajectoire de la rivière à partir de photos aériennes à la suite de phénomènes d'inondation, de transport de sédiments, d'érosion des rives, afin de voir le comportement de la rivière ", explique-t-il.
Il ajoute qu'une rivière constitue un milieu dynamique appelé à subir des changements au gré des phénomènes saisonniers comme les fortes crues, les embâcles printaniers, l'érosion des rives, les périodes d'étiage estivales ou les changements imposés par l'Homme. " L'érosion des berges peut être vue par l'Homme comme une problématique lorsqu'il y a présence de maisons ou d'équipements, mais si la rivière n'a plus de sédiments à transporter en raison d'un enrochement majeur, elle aura tendance à s'enfoncer par le phénomène de scission, comme c'est le cas pour la rivière à Mars, à La Baie. L'érosion est un phénomène naturel et nécessaire à un cours d'eau puisqu'elle permet d'établir un équilibre naturel ", soutient M. Boivin.
Il rappelle qu'en 1996, à la suite du déluge du Saguenay, d'importants travaux de reprofilage et d'enrochement ont été réalisés le long de la rivière Saint-Jean.
Ces travaux ont été réalisés selon les connaissances scientifiques de l'époque, mais M. Boivin ajoute qu'il n'est pas certain que tous ces aménagements seraient faits de la même façon en 2021.
L'étude, qui doit être complétée en mai 2022, devrait permettre d'analyser la possibilité d'enlever de l'enrochement, dans certains secteurs, dans un contexte de changements climatiques futurs, alors que les extrêmes au niveau des crues et des étiages seront davantage prononcés, et ce, dans le but de rétablir un cours d'eau plus naturel.
À terme, les chercheurs produiront une cartographie historique et actuelle de la rivière ainsi qu'une analyse d'espace de liberté à accorder à la rivière. L'Anse-Saint-Jean disposera ainsi d'un outil permettant d'évaluer la stabilité à long terme des aménagements réalisés le long du cours d'eau. Les élus de L'Anse-Saint-Jean ont accepté de contribuer pour une somme de 76 000 $ à l'étude portant sur la géomorphologie de la rivière Saint-Jean pour les exercices 2021-2022.
Auteur : La Presse Canadienne
Catégorie : Pêche
Publié le : 2021-04-25 00:41:17