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De la pêche réservée aux plus riches dans les pourvoiries du Nord

Dans un long reportage publié mercredi, le Journal de Montréal expose que le gouvernement Couillard a conféré en douce l’exclusivité de la pêche au saumon au nord du Québec à une poignée de pourvoiries privées.

Le journaliste Charles Lecavalier présente que ces territoires n’offrent que des forfaits coûtant près de 2000 $ par jour, et même plus.

Quarante ans après l’élimination des clubs privés par le gouvernement de René Lévesque, qui avait permis aux Québécois de retrouver le libre accès à leurs lacs et rivières pour pêcher, le gouvernement libéral vient de faire le contraire sur un territoire qui équivaut pratiquement au quart de la superficie du Québec.

«On est en train de se faire sortir du Nord», indique au quotidien Alain Cossette, directeur général de la Fédération des chasseurs et pêcheurs du Québec (FédéCP).

Voici une partie de reportage que nous vous exposons ci-dessous

Les forfaits offerts par les pourvoiries du Nord sont très coûteux et peuvent atteindre 20 000 $ pour une semaine.

M. Cossette juge la décision inacceptable et estime que Québec recule sur un principe phare : la faune est un bien collectif.

«On donne le monopole aux pourvoiries, et on enlève le droit à des gens qui le faisaient à moindre coût, pas des gens riches, mais qui réussissent à se mettre un peu d’argent de côté pour réaliser leur rêve», ajoute-t-il.

M. Cossette assure que Québec a pris cette décision en catimini sans consulter personne, incluant sa fédération qui représente 125 000 membres. Cette affirmation est contestée par le ministère de la Faune et des Parcs, qui indique que la Fédération n’était pas présente lorsque la décision a été soumise à la table régionale de la faune, mais qu’un compte rendu lui a été envoyé.

Considérations fauniques?

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs justifie cette modification réglementaire diffusée sur son site internet en mars par une application plus stricte de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois ainsi que par la nécessité d’obtenir une meilleure connaissance sur la santé de la population de saumon du Nunavik.

«Ce qui justifie réellement la décision, ce sont des considérations de nature faunique. C’est vraiment la raison d’être de la modification réglementaire», indique Laurie Beaupré, biologiste à la direction de la gestion de la faune du Nord-du-Québec du ministère.

Le statut du saumon atlantique est jugé «préoccupant» partout au Québec, sauf au Nunavik, car les données sur les captures n’y sont pas suffisantes.

«Les données des pêcheurs autonomes sont partielles et imprécises», affirme-t-elle. Les données des pourvoyeurs sont beaucoup plus fiables, ajoute-t-elle.

Dur à croire

L’impact de ceux-ci ne semble pourtant pas très important. Depuis 2013, entre 9 et 23 pêcheurs indépendants ont enregistré des prises dans le nord du Québec. Le ministère reconnaît qu’aucune analyse d’impact économique n’a été effectuée.

Alain Cossette ne croit pas à cette version.

«Le ministère se dirige de plus en plus vers l’auto-enregistrement, mais dans le cas du saumon du Nord, ce n’est pas fiable? Je tombe en bas de ma chaise», dénonce-t-il. Il ajoute que le nombre de captures dans le Nord est «minime» et qu’il «n’a pas d’incidence» sur la population de saumon.

D’ailleurs, il est toujours permis de capturer un maximum de quatre saumons dans les rivières du Nord comparativement à un seul dans celles du Sud.

La modification réglementaire touche la zone de pêche qui couvre la moitié Nord-du-Québec. Elle n’est accessible qu’en avion ou en hélicoptère.

Les pourvoiries de pêche au saumon du nord du Québec proposent un produit de luxe que seuls les mieux nantis peuvent s’offrir. Les forfaits de pêche d’une semaine coûtent généralement entre 7000 et 20 000 $.

Des pourvoiries se réjouissent 

Quelques pourvoiries sortent grandes gagnantes de la fin de la pêche libre au saumon au nord du Québec.

«L’avenir de l’accès au Nord va dépendre de ce qui va arriver avec la fin de la chasse au caribou. C’est sûr qu’au moment où on se parle, les pourvoiries n’ont pas d’autre produit pour se relancer que la pêche», indique Marc Plourde, PDG de la Fédération des pourvoiries du Québec.

Il affirme que ce changement réglementaire n’est pas une compensation directe pour la fin de la chasse au caribou, qui force plusieurs pourvoyeurs à mettre la clé sous la porte. D’ailleurs, très peu de pourvoiries qui offrent la pêche au saumon offraient aussi la chasse au caribou.

«Mais ça tombe à un moment opportun dans ce contexte», indique-t-il. Sur ce territoire, le ministère de la Faune indique que sept pourvoiries offrent des services de pêche au saumon.

Vous pouvez lire l'article complet en cliquant sur le lien suivant: http://www.journaldequebec.com/2018/05/02/du-saumon-pour-les-riches

Source: Journal de Montréal 

Auteur : Rendez-Vous Nature

Catégorie : Pêche

Publié le : 2018-05-02 12:36:22