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Il y a toujours des orignaux dans les forêts québécoises

De nombreux chasseurs sont déjà en forêt pour tenter de déjouer le roi des forêts québécoises : l’orignal. D’autres vont suivre dans les prochaines semaines.

Une question trotte dans la tête de bien des amateurs, à savoir ce qui arrive avec cette baisse de la population dans certaines zones.

Pour en savoir plus, j’ai discuté avec le biologiste responsable du dossier de l’orignal au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Laurent De Vriendt.

« C’est certain qu’il y a toujours de l’orignal et il y en a beaucoup, explique le spécialiste. Si on regarde au niveau provincial, l’orignal se porte bien. Il n’est menacé nulle part. Oui, il y a eu des baisses dans certaines zones, mais de façon globale, nous avons un très gros cheptel d’orignaux au Québec. »

Il fallait poser la question sur la grosseur du cheptel. 

« Avant chasse, on peut parler de 130 000 orignaux au Québec. En 2020, on parlait de 130 000 à 140 000. Ça a peut-être diminué un petit peu, mais il est certain qu’il y en a plus de 110 000. Le cheptel a doublé depuis les années 1990. Même si s’il y a une baisse dans certains coins, on est loin d’être retournés là où nous étions dans les années 1990. »

POURQUOI LES DIMINUTIONS

Alors, à quoi attribuer les baisses dans certaines régions ?

« Il y a plusieurs facteurs [dont] la présence de prédateurs. Si on compare les deux rives du fleuve, au nord, il y a des loups alors qu’au sud, il n’y en a pas. Il peut y avoir aussi d’autres prédateurs comme l’ours. Il y a aussi la pression de chasse qui est également déterminante pour les densités d’orignaux que l’on va retrouver localement. Si l’on tient compte de tout ce mélange, on peut dire sans se tromper qu’ils influencent tous le niveau de la population d’orignaux », précise M. De Vriendt.

De nouveaux acteurs méconnus sont aussi arrivés dans le décor.

« Les changements climatiques sont un facteur que l’on ne connaît pas encore vraiment. Il y a aussi la tique d’hiver qui est plus présente parce qu’elle [profite] de conditions qui sont meilleures pour sa survie, avec les printemps plus chauds. Ces facteurs peuvent avoir de l’influence, c’est certain. Plusieurs projets d’étude sont en cours pour connaître véritablement l’influence de ces nouveaux facteurs », ajoute Laurent De Vriendt.

LE SUIVI

Dans le cas de l’orignal, les autorités fournissent des efforts pour avoir le suivi le plus fidèle de la population.

« Nous avons un système de suivi très robuste, qui ne fonctionne pas à un seul indicateur. Il est basé sur différents paramètres de la récolte, dont les inventaires aériens, qui demandent des déboursés pouvant aller jusqu’à 200 000 $, selon la superficie du territoire à inventorier. On utilise aussi des données comme la vente des permis, le décompte de la tique, la lecture des dents pour l’âge, la présence de lait chez les femelles et l’évolution de la qualité de l’habitat, par exemple », poursuit le biologiste.

« On cherche tout le temps à s’améliorer et nous avons des pistes de réflexion sur le sujet. Nous avons donc un suivi qui est évolutif, réévalué périodiquement, ce qui nous permet d’ajuster nos modalités de gestion en fonction de nos résultats », mentionne-t-il.

Un exemple de cela, c’est la zone 27 où, comme la population avait diminué, on a décidé de permettre uniquement la chasse du mâle. Pour ce qui est de la reproduction, il n’est pas facile de déterminer combien de femelles un mâle peut féconder durant les périodes où elles
sont réceptives.

« Plus la femelle est fécondée tôt, plus le jeune qui naîtra aura de chances de survivre. Malheureusement, il n’y a pas tant d’études scientifiques qui indiquent le ratio du nombre de mâles nécessaires par 100 femelles, affirme Laurent De Vriendt.

« Ce qui a été trouvé dans la littérature, c’est qu’il n’y avait pas tant d’effets sur le niveau de population dans ce cas précis. Le ratio de 30 % de mâles dans la population adulte, soit un mâle pour 2,3 femelles, représenterait la situation idéale. La diminution des mâles mâtures va permettre aux plus jeunes de se reproduire », ajoute-t-il.

D’ailleurs, les températures plus chaudes n’influencent pas la saison des amours.

« L’instinct de reproduction est très puissant chez l’orignal. Ils vont concentrer leurs déplacements dans des îlots de fraîcheur et le plus souvent durant la nuit. Ils ne vont pas arrêter de se reproduire. »

Le spécialiste considère que nous sommes choyés, même s’il y a des diminutions dans certaines zones, surtout si l’on se compare à ce qui se passe dans d’autres juridictions. Annuellement, il se vend au Québec plus de 170 000 permis pour la chasse de l’orignal.

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Opinion

Publié le : 2023-10-01 21:00:16