Des chasseurs d’orignaux s’interrogent
Plusieurs chasseurs d’orignaux du Québec s’interrogent sur les mesures à prendre pour contrer l’influence des changements climatiques sur la pratique de leur activité et la circulation en forêt durant leur période de chasse.
L’automne dernier, un peu partout au Québec, plusieurs chasseurs ont perdu la viande de leur gibier en raison de la chaleur excessive durant la saison de chasse.
« Nous avons connu quelques jours de froid, mais même si quelques nuits étaient froides, les moustiques nous accompagnaient durant les deux dernières semaines de chasse en plein mois d’octobre, ce que je n’avais jamais connu auparavant », m’écrivait Pierre Renaud, qui chassait sur le territoire de la Zec des Passes dans le secteur du lac Saint-Jean.
« J’ai pris des photos sur lesquelles on voit des orignaux sans poil en raison de la tique. J’ai discuté avec plusieurs autres chasseurs et ils ont été unanimes à dire que les dates de chasse devraient vraiment être repoussées d’une semaine. Les changements climatiques ont un effet sur la nature et les habitudes des animaux. Ce n’est pas un caprice de la part des chasseurs, mais bien une réalité avec laquelle ils doivent vivre présentement. »
Son témoignage illustre bien la situation que plusieurs ont vécue.
« Si on m’avait mentionné qu’il y avait des chevreuils au Saguenay auparavant, j’aurais pensé à une erreur. Aujourd’hui, la chasse est ouverte dans la zone 28 et nous apercevons des chevreuils sur la Zec des Passes, près du 49e parallèle. Il faut absolument revoir la gestion de la chasse à l’orignal qui ne s’est pas adaptée à la réalité des changements climatiques. »
Cette situation de chaleur excessive fait en sorte que les orignaux sont actifs la nuit, alors que la température est plus clémente.
La circulation et le bruit
Un autre point important qu’il nous a souligné dans son intervention, c’est le problème de la circulation excessive en forêt en temps de chasse, ainsi que les travaux avec de la machinerie.
« Selon la loi, nul ne peut nuire volontairement à une personne qui chasse légalement et qui a accédé de façon légitime au territoire où elle se trouve. Ce sont de belles paroles, mais encore faut-il que le tout soit appliqué sur le territoire en temps de chasse », explique-t-il.
« Plusieurs compagnies forestières acceptent de suspendre leurs activités durant la saison, mais d’autres intervenants poursuivent des travaux importants. Durant notre séjour, nous avons été accompagnés par le bruit des pelles mécaniques et autres machineries qui travaillaient sur les routes. Il faudrait que la trêve soit exigée pour tous. »
« Comment voulez-vous pratiquer la chasse à l’affût et utiliser des techniques d’appel alors que vous passez la journée à entendre le bruit des machineries. C’est dérangeant pour les orignaux et très fatigant pour nous qui voulons vivre une expérience de chasse intéressante et avoir des chances de récolter une bête. »
Informations peu accessibles
Il a aussi mentionné que la circulation intense qui se fait durant les heures de chasse, autant en voiture qu’en quad, devrait être mieux contrôlée.
Il est très difficile d’avoir des informations de la part des spécialistes du gouvernement qui gèrent ces dossiers. Ce n’est pas une sinécure de tenter de les joindre. Loin de moi l’idée de dire que le gouvernement n’est pas transparent dans ce dossier.
Les chasseurs ont besoin de réponses. Au moment d’écrire ces lignes, après plusieurs semaines, voire des mois, les résultats de la dernière saison de chasse du gros gibier ne sont pas encore disponibles.
Auteur : Julien Cabana
Catégorie : Opinion
Publié le : 2023-01-21 08:37:25